Dans les temps anciens, on comptait, à Sens, plusieurs ponts qui n’avaient pas forcement le même emplacement que les ponts actuels. Avec la modernisation de la ville ils ont laissé place à de nouveaux axes qui accueillent près de 15000 véhicules par jour.
L’existence d’un pont sur l’actuel bras principal de l’Yonne est attestée au XIVème siècle : en 1374 on érige une tour de défense, dite «Tour Saint Maurice» en partie sur la terre ferme et en partie sur la sixième et dernière arche du pont en vue de protéger les moulins à blé construits sous les arches. Cette tour fut démolie en 1696. Ce pont, hault et ancien, appelé Grand-pont ou bien encore, le pont de la Grande Yonne, sera à l’honneur sous Charles VI en 1414 qui promulguera un édit à propos du commerce des vins. Parmi ceux que l’on vendait à Paris, il en distinguait quatre sortes : les vins français provenant des crus situés en aval du pont de Sens et de la vallée de l’Oise, les vins de
Le pont d'Yonne et le coche par eau en 1822
Au cours des siècles qui vont suivre le pont va être réparé, rafistolé, élargit, consolidé. En 1436, les maîtres charpentiers remplacent des chevrons vermoulus, en 1437, on refait le pavage, en 1438, les arches, en 1540 encore des chevrons, en 1697, suite à une nouvelle crue, des travaux de consolidation… Un chantier régulier, qui va durer jusqu’à la date de sa démolition : L’an 1739, le pont scitué du costé et proche de
Un fier remorqueur appelé «Le Sénonais»
La décision d’engager des travaux ne fut prise que le 26 février 1906. Mais, refrain bien connu, la ville n’avait pas les finances nécessaires à l’entreprise. Il fallut solliciter l’aide de l’Etat qui, grâce aux relations de Lucien Cornet, décida en mai 1907 de prendre l’ensemble des dépenses à sa charge. Pour ne pas interrompre la circulation, une passerelle provisoire fut jetée entre le vieux pont et l’église Saint Maurice. Le travail de démolition s’avéra assez complexe à cause de la belle résistance des matériaux utilisés au XVIIIème siècle. Encore fallait-il laisser libre le passage des péniches, tirées, à l’approche du chantier, par un fier remorqueur, le «Sénonais», mis gracieusement à la disposition des mariniers par l’Etat.
Le vieux pont en démolotion, le 21 janvier 1910 (Coll SAS)
Survint la grande inondation de janvier 1910. La fureur des eaux emporta alors les pontons de bois préparés pour soutenir la passerelle et on eut des craintes pour la passerelle elle-même. L’accès en fut interdit et les sénonais, fidèles à eux-mêmes, râlèrent, maugréant contre les gens de l’art, incapables de construire un pont résistant comme l’ancien à la force du courant depuis des siècles.
Le vieux pont et la passerelle provisoire (Coll SAS)
Le pont d'Yonne lors de sa reconstruction
L’inondation passée, la destruction du pont put reprendre et le 15 octobre 1911 et Lucien Cornet en posa la première pierre : un bloc de calcaire récupéré de l’ancien ouvrage, symboliquement remployé dans le nouveau. Dans cette pierre, creusée d’une cavité, on inséra un coffret de plomb contenant des documents municipaux et des monnaies françaises de 1911. Dix huit mois seulement seront nécessaires pour la construction du pont neuf avec, modernité s’il en faut, des passages prévus sous les trottoirs pour les canalisations d’eau, de gaz et d’électricité. De plus, la municipalité avait tenu à faire éclairer la chaussée par «des candélabres à 3 branches avec globes ronds, dépolis, d’un bel effet décoratif». Et le poète, qui n’a pas toujours raison écrira : Le nouveau pont, comme un zéphir/Sera léger, c’est trèsprobable/Car on prendra pour le bâtir/De la plume…de contribuable. De fait, il en coûtera 815 000 francs à l’Etat. (3) Le nouveau pont fut livré à la circulation le 1er décembre 1912 mais l’inauguration officielle n’eut lieu que le 18 mai 1913 en présence de Jean Résal, inspecteur général des Pont et Chaussées, auteur du pont Alexandre III à Paris. En 1976, les lampadaires du pont Lucien Cornet, rongés par la rouille, qui avaient vu partir les Pioupious de 1914 et du s’éteindre lors des couvre-feux de l’occupation, ont été remplacés. Réhabilités, deux d’entre eux sont désormais les lumières du théâtre.
Gérard DAGUIN
Documentation : Bernard Brousse, SAS, Virginie Garret, Cerep 5, rue Rigault Sens. 1, Jeanton, L’édit de Charles VI sur le commerce des vins à Paris.2, Cartulaire Sénonais, Balthazar Taveau. 3, Sens de
La croix du Grand pont
Lorsque germain Boffrand fit construire le nouveau pont, une croix de pierre y fut érigée et bénite le 1er mai 1747. En 1787, elle sera remplacée par une croix de fer, due au secours de quelques âmes pieuses. Sa bénédiction fut célébrée le 20 mai. Vint la Révolution. Episode de déchristianisation : «Irrités de leur respect pour la croix qui domine l’arche maîtresse, les sans culottes de Saint-Savinien complotèrent d’arracher et de briser ce dernier signe de la superstition. Mais arrivés à la tête du pont, ils trouvèrent la place occupée par un groupe compact de mariniers, calmes et résolus, marchant à petits pas, répondant à toutes les provocations par ces simples mots : Retournez donc chez vous ! ». Pendant la terreur, elle fut enlevée et vendue à un serrurier comme mobilier national. Mais le Christ, qui était en bronze doré avait été mis en lieu sûr par le curé de la paroisse. D’autres alertes suivirent encore : en 1814, les mariniers la démontèrent pour la soustraire aux boulets alliés ; en 1830, un projet de destruction fut abandonné lorsqu’un des acteurs déclara que «ça ne porterait pas bonheur !». Elle ne fut condamnée que le 4 décembre 1909 à la démolition du pont. La croix et une partie du parapet du pont Boffrand sont toujours visibles rue Jossey dans la cour de
*Sens de
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Ingénieur du duc de Lorraine. Inspecteur général des Ponts et Chaussées.
Né le 16 mai 1667 à Nantes, Loire-Atlantique (44), Pays de la Loire, France
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021