Si l’on pose la question à de nombreux Sénonais,
«Qu’est-ce que la boite à savon ?»,
bien peu pourront vous répondre qu’il s’agit de la poste.
Dans l’Almanach Historique de Diocèse de Sens, augmenté et corrigé pour l’année 1769, chez Hardouin Tarbé, imprimeur de
Exit la culture en soutane, bonjour le prêche sans culottes.
Le district de Sens se porte alors acquéreur de l’immeuble qui lui est cédé au prix d’estimation soit 6000livres. Mais les temps changent vite en ces périodes troubles et le district est dissout. La maison est remise en vente et adjugée à M. Philippe Desforges qui la loue au Sieur Sachot, un brasseur qui l’occupa jusqu’en 1826. Il y fut remplacé par M. Montillot, professeur de musique qui initia les jeunes têtes blondes à découvrir Euterpe. En 1857, la ville décide de reprendre les lieux pour y installer une école de garçons. Après de longues et nombreuses délibérations du Conseil, la maison est achetée pour la somme de 25000 francs. Mais les désaccords se font de plus en plus pressants au sein de la municipalité. Exit l’école… et décision est prise de revendre l’immeuble à M. Duchemin, imprimeur. Il y sera imprimé le journal l’Union de l’Yonne jusqu’au début des années 30.
Déjà, au printemps 1920, l’Administration des P.T.T. avait fait part à la municipalité de son intention de construire un nouvel Hôtel des Postes. Il fut alors question du 16 cours Chambonas puis du 2 de la rue de Lyon (face à
Le bureau de poste, alors 19 rue de l'Ecrivain. (Coll. SAS)
A lire l’Avenir de l’Yonne du 3 avril 1920, sous la plume d’un pamphlétaire, Duru de Mondereau, ce bureau n’était plus du goût du jour : «Si, au bureau actuel, vous avez besoin d’écrire ou de rédiger un télégramme, il est mis gracieusement un pupitre sur lequel, en guise de sous-main, un bout de carton a été cloué et dont les pointes risquent fort de déchirer vos vêtements si vous n’y prenez pas garde. Une plume ébréchée montée sur un bout fragile de roseau cueilli sur les bords de l’Yonne, ou sur une boite de conserve, vous est affectée». Puis, l’écrivain espère que la construction ne se fera pas trop attendre avant de s’en prendre aux nouvelles taxes d’affranchissement en hausse qui vont frapper les utilisateurs. Et de conclure : «Ce n’est pas encore cette «réforme» qui fera baisser le coût de la vie et il faut convenir que puiser eux-mêmes dans la caisse, comme lorsqu’il s’agit de pressurer le contribuable, nos législateurs ont la main lourde, et ils y vont un peu fort». (2) Après les guerres du monument aux morts, celles du théâtre et du marché couvert, la querelle politique sénonaise s’enflammait pour le nouveau bureau de poste. Le 24 aout 1920, le Maire, Lucien Cornet, donnait lecture à son conseil municipal d’une lettre à l’Administration des Postes l’informant de sa décision d’ajourner son projet d’édification, aux frais de l’Etat, d’un nouvel Hôtel des Postes.
Le nouveau bureau de poste, la boite à savon. (Fond Pissot)
Le cycle des saisons va emporter avec lui Lucien Cornet, Gaston Gaudaire, et André Dupêchez. En 1936, Lazare Bertrand va prendre les rennes de la ville. Pendant ces années, le projet sera en poste restante et ce n’est qu’en 1931 que sera prise la décision (parue au Journal Officiel de 1933) d’affecter à l’Administration des Postes l’immeuble situé en face de
Et pour une fois, hors police, fanfare et fonctionnaires, les rues de la ville étaient vides. Ce que niera Le Bourguignon, le journal concurrent.
Gérard DAGUIN
Documentation : Bernard Brousse SAS, Virginie Garret Cerep, 5, rue Rigault Sens.
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021