Chassées de leur monastère les sœurs du Carmel
se sont dispersées dans la ville.
Désormais livrées à elles-mêmes, isolées, dispersées, les sœurs se mettent au service des habitants. Elles travaillent dur à des travaux de couture tandis que la Supérieuer les soutient dans la poursuite de l’idéal carmélitain de la prière. Tout en se préoccupant de l’avenir du monastère. Mais en 1793, il est vendu aux enchères pour devenir une manufacture de coton. Un malheur n’arrive jamais seul : elles vont encore apprendre l’exécution du supérieur ecclésiastique Lhermite de Chambertrand puis le martyre des carmélites de Compiègne qui inspirera Bernanos pour le « Dialogue des Carmélites ». Avec un semblant de calme revenu, elles vont ouvrir une petite école, rue du Général Allix, dans laquelle elles auront l’impression de reformer une petite communauté. Là, elles vont s’engager à demeurer fidèles à la vraie foi et à se mettre au service des prêtres réfractaires. En 1798, un arrêté préfectoral exige la fermeture de l’école stipulant que : «Les formes Républicaines sont incompatibles avec les maximes fausses de la religion des prêtres, toujours en opposition avec le gouvernement». (1) Une fois encore, les sœurs ne peuvent plus compter que sur l’hospitalité de Sénonais. Trois ans plus tard, le Préfet de la Nièvre autorisera la réouverture d’une maison des sœurs de la Charité à Nevers ce qui incitera celui de l’Yonne à accorder semblable faveur à Sens. Sous couvert de l’ordre de leurs sœurs nivernaises, les Carmélites vont pouvoir se réinstaller et enseigner. Vint l’effondrement de l’Empire avec son nouveau cortège de peine : siège de la ville, occupation, misère et pour les religieuses l’exode et mise à sac de leur maison.
L’histoire se répète dit on : Napoléon, Louis XVIII, Napoléon, Louis XVIII et pour les sœurs, un chassé croisé désastreux jusqu’en 1821 où elles apprennent que l’ancien monastère est à vendre. Leur offre d’achat sera acceptée et après de lourds travaux elles pourront réintégrer les lieux le 29 septembre 1823. Ce jour là, les grands vicaires de Sens, les prêtres de la ville et des communes environnantes, comme de nombreux sénonais se retrouvèrent pour le rétablissement des Carmélites dans leur ancien monastère : «A dix heures, le bourdon de la ville et les cloches des églises annoncèrent le départ du clergé qui allait chercher les Carmélites dans leur retraite pour les conduire processionnellement dans leur monastère. Tout le peuple était ému du recueillement de ces filles vénérables qui ont tout sacrifié pour Dieu et qui paraissent pour la dernière fois au milieu du monde et allaient entrer dans leur dernier asile».
Passent ainsi les années et les révolutions de 1830 et de 1848 sans que la vie au Carmel ne soit trop bousculée. Grâce à quelques dons, on relève les murs de clôture, mais on pense surtout à la chapelle, qu’il faut encore racheter, transformée depuis la cotonnerie en écurie. Ce sera chose faite et la première cérémonie y sera célébrée en 1873.
La séparation de l’Eglise et de l’Etat n’affectera pas le monastère, mais, en 1903, il sera fait interdiction aux religieuses d’ouvrir leur chapelle au culte public. Les cloches du Carmel devenues muettes ne retrouveront leur voix qu’en 1906 lorsque le ministère Clémenceau permettra la réouverture de la chapelle.
De 1914 à 1918, le Carmel participa de toutes ses possibilité au soutient matériel des mobilisés et des foyers. Mais d’être cloitré limite fort ce que l’on peut proposer car le Carmel «est une maison de prière où les personnes consacrées à Dieu ne se réunissent pas entre elles pour jouir de la paix, mais elles tachent de la mériter pour les autres ». (2) Une fois encore, la France est en guerre et l’invasion allemande de juin 1940 va forcer l’exode des sœurs comme pour beaucoup de sénonais. Un exode de courte durée puisqu’elles réintégreront leur monastère dès la fin juin. Seules, trois sœurs, «vaillantes sentinelles», seront restées sur place pour faire face à l’envahisseur. Un envahisseur trop occupé pour effectuer une visite de reconnaissance en vue d’une perquisition. Pendant les années d’occupation, le grand séminaire ayant été réquisitionné, la chapelle du carmel fut le recours pour les offices.
Le chœur de la chapelle du carmel
où les sœurs se réunissent pour prier.
Les sœurs, contrairement aux idées reçues,
restent ouvertes sur le monde.
Aujourd’hui, le Carmel a retrouvé sa sérénité. La vie se déroule au rythme des heures de travail et de la prière. Travaux de couture ou fabrication d’hosties gravées et de lectures dédiées à l’anniversaire de la naissance de Sainte Thérèse, il y a cinq siècles. Tôt levées, les neuf carmélites de Sens entament la journée par l’Oraison, une prière silencieuse dans le chœur de la chapelle. Vient ensuite un petit déjeuner, puis les Laudes, (prières chantées) avant de se mettre au travail. La matinée s’achève par la messe, dite par l’aumônier du Carmel, le Père Dohmen. Ensuite, le travail reprend et à 17 heures, les Vêpres précèdent l’Oraison du soir avant une dernière collation. A 19 heures, les sœurs se retrouvent pour la «récréation», moment ou, rompant le silence de la journée, elles échangent leur point de vue sur leur vie monastique ou le monde extérieur. Un monde qui ne leur est pas si étranger que l’on pourrait le penser. Réuni en fédération, le Carmel de Sens, avec quarante autres, peut compter, en cas de difficulté, sur l’amitié thérésienne qui les unit.
«Les Humbles n’ont pas d’histoires croit-on ».
Gérard DAGUIN
Documentation : Bernard Brousse SAS, Virginie Garret Cerep, 5, rue Rigault Sens. Alype-Jean Noirot, Le Carmel de Sens, 1625-1975. 1, Archives municipales de Sens. 2. Circulaire de sœur Marie Léon. Remerciements aux sœurs du Carmel de Sens.
Un des tableaux peint par la Reine de France, Marie Leszcynska, épouse de Louis XV.
Au Carmel, les tableaux de
En 1725, une fois de plus, Louis XV, âgé de 15 ans, tombe malade. Déjà la politique se mêle des affaires de cœur et le duc de Bourbon, craignant que le duc d’Orléans, fils du défunt Régent ne monte sur le trône, fait renvoyer la « promise », la très jeune Infante d’Espagne, afin que le Roi ait au plus vite une descendance. A 22 ans, Marie Leszcynska, fille de Stanislas Ier, roi déchu de Pologne, est en âge d’être mère. Le 4 septembre de cette même année, le futur couple se rencontre et le lendemain, le mariage est consacré à Fontainebleau. L’ardeur du Roi permet de donner rapidement des enfants à
A la cour, la différence d’âge entre le Roi et
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021