Proclamée le 9 août 1830 après les émeutes des «Trois Glorieuses», la monarchie de Juillet (1830-1848) succède en France à
Charles X n’est plus. En tout cas, plus roi de France. Il est remplacé par Louis Philippe, roi des Français. Aussitôt, la chartre de 1814 n’a plus cours. La religion catholique n’est plus «religion d’Etat», mais celle «qui est professée par la majorité des Français ». De l’avis de tous, le vent va tourner.
Bien que les rapports soient cordiaux avec Rome, un mouvement de jeunes catholiques libéraux voit le jour : ils demandent la totale séparation de l’Eglise et de l’Etat, c'est-à-dire l’abolition du Concordat et ont pour noms l’abbé Lamennais, le futur père Lacordaire et Charles de Montalembert. Dans leur journal, l’Avenir, ils écrivent : «Nous demandons la liberté de religion et la totale séparation sans laquelle il n’existerait pour les catholiques nulle liberté religieuse ce qui implique la suppression du budget ecclésiastique et l’indépendance absolue du Clergé dans l’ordre spirituel ». Si eux s’y mettent aussi…
Mgr de Cosnac, installé à Sens en 1830,
fera contre mauvaise fortune bon coeur aux décisions royales. (Coll. SAS)
A Paris, en janvier 1831, des troubles éclatent. En février, c’est au tour des vignerons Sénonais de se révolter contre «les droits réunis». On est loin des Vignes du Seigneur, mais l’archevêché et le séminaire sont menacés par la foule. Le bruit court que l’on va substituer le drapeau blanc au drapeau tricolore qui flotte sur la résidence de l’archevêque. Mgr de
Des instructions ministérielles avaient prescrit des cérémonies civiles et religieuses pour célébrer chaque année, au 1er mai, la fête du Roi et fin juillet, l’anniversaire des Trois Glorieuses. En fait, Louis Philippe ne devait pas être en très bonne place dans le bréviaire de l’archevêque comme le souligne un rapport du sous-préfet en 1833: «A Sens, l’Eglise n’a pris aucune part à la fête générale parce que l’impulsion était attendue des supérieurs, qui aujourd’hui, comme aux premiers jours de 1830, regrettent leur haute influence… ».
Sous Louis-Philippe, la religion catholique n'est plus religion d'Etat,
mais la religion pratiquée par une majorité de Français.
Monseigneur de Cosnac, malade, décède le 24 octobre 1844. Va lui succéder Mgr Jolly qui terminera une partie de l’œuvre de son prédécesseur en installant définitivement le Bon Pasteur, ses filles «Pénitentes», et vivra l’installation du culte Protestant à Sens. Légère période d’accalmie qui ne va pas durer. Le 24 février 1848 éclate la révolution qui va entrainer l’abdication de Louis Philippe et la proclamation de
Rassurant pour le nouveau pouvoir… D’autant que cet élan de sympathie va être appuyé par la loi Falloux nommé ministre de l’instruction publique et des cultes en décembre 1848. Cette loi est favorable à l’Eglise, en particulier aux établissements congréganistes, même non autorisés comme les Jésuites. Autre avantage sérieux, les religieux ne sont pas soumis à la possession de certificats de capacité à enseigner, exigés des enseignants laïques. Ainsi naissent deux écoles, l’école publique et l’école libre. Mais la loi Falloux va agir comme un ferment entre l’enseignement privé et l’enseignement public. C’était trop donner à l’un sans donner à l’autre.
Le 2 décembre 1851, nouveau coup d’Etat. Louis Napoléon Bonaparte écarte
Pendant ce temps, Napoléon III se débat avec le Pape à propos des Etats Pontificaux, avec les italiens qui veulent l’unité de leur terre et avec les catholiques français qui soutiennent Pie IX. Mgr Jolly, malade avait démissionné en 1867. Il quittera ce bas monde en 1872. Lui succède Mgr Bernadou qui manifeste tout de suite son intérêt pour les études théologiques des séminaristes. Il va de suite, rénover et agrandir le Grand Séminaire et envisager une période sereine en s’appliquant à retrouver les âmes égarées dans un département déchristianisé comme l’Yonne.
Mais, car il y a toujours un mais dans l’Histoire, le 19 juillet 1870, la France entre en guerre avec la Prusse. Sens va être occupée, l’Empire vaincu, Napoléon chassé et
En 1880, le gouvernement va dissoudre les Jésuites et obliger les congrégations non autorisées à solliciter une reconnaissance légale. Autant de chances de réussite que, de nos jours, gagner à l’Euro-million… La Loi Jules Ferry interdit l’enseignement religieux dans les écoles primaires publiques, les crucifix et autres images pieuses. Si tout cela nous semble normal aujourd’hui, il faut se remettre dans le contexte de l’époque où les gouvernements précédents, bien qu’éprouvant quelques difficultés avec le Culte, étaient encore liés avec celui-ci. Qui se ressemble s’assemble dit-on, et il fallait bien mettre fin à ce curieux mariage, Etat-Clergé, cause présumée de la misère du monde. S’en suit un calme précaire. En 1895, les radicaux reprennent le pouvoir et une nouvelle poussée anticléricale se fait jour. L’affaire Dreyfus va diviser les Français et déboucher sur une majorité parlementaire de défense républicaine, formée de radicaux et de socialistes, le Bloc des gauches. (A suivre).
Gérard DAGUIN
Documentation : Source historique : Etienne Dodet, Sens à l’heure de la séparation des Eglises et de l’Etat, Société Archéologique de Sens.
Bernard Brousse, SAS, Virginie Garret, Cerep 5, rue Rigault Sens.
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021