Un peu avant l'année 1680, touché de voir l'extrême misère dans laquelle
se trouvoient les pauvres filles orphelines de la ville et des faubourgs de Sens,
n'ayant aucun lieu pour se retirer, ni aucun bien pour subsister et apprendre à gagner leur vie,
Mademoiselle Cécile-Guillaume de Marsangy,avoit commencé de retirer dans sa maison,
les plus délaissées et les plus exposées.
Elle les nourrissait, les entretenait, les élevait chrétiennementet leur apprenait à travailler......
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Extrait
DE L'HOSPICE DES ORPHELINES DE SENS.
L'hospice des Orphelines est situé à Sens, dans le faubourg d'Yonne, ou plutôt dans l'île formée par la rivière d'Yonne. Ses bâtiments viennent aboutir non loin de l'église Saint-Maurice , au levant, sur la grande rue qui mène à la pointe nord de l'Ile ; du couchant, ses jardins touchent au chemin de hallage de la fausse rivière. Quant à son origine, elle n'est pas très-ancienne.
Un peu avant l'année 1680, touché de voir l'extrême misère dans laquelle se trouvoient les pauvres filles orphelines de la ville et des faubourgs de Sens, n'ayant aucun lieu pour se retirer, ni aucun bien pour subsister et apprendre à gagner leur vie, Mademoiselle Cécile-Guillaume de Marsangy,avoit commencé de retirer dans sa maison, les plus délaissées et les plus exposées. Elle les nourrissait, les entretenait, les élevait chrétiennement et leur apprenait à travailler.
Cette bonne œuvre inspira à une autre personne charitable la pensée d'une fondation durable.
M. Nicolas Bellocier, nalif de Sens, bourgeois de Paris, y demeurant rue Beautreillis, paroisse Saint-Paul, fut informé des essais tentés par Mademoiselle de Marsangy. Il se mit en rapport avec elle, lui offrit son concours, et ensemble ils résolurent de fonder, à Sens, un hôpital et maison de charité : pour les pauvres filles orphelines de la ville et des faubourgs, nées en légitime mariage, abandonnées de leurs parents, et sans moyens pour subsister.
M. Bellocier commença par faire donation pour l'établissement de cette maison de charité, par acte passé devant MeMounier et son confrère, notaires à Paris, le 28 juin 1680, de :
Deux maisons sises à Sens, faubourg d'Yonne, consistant en plusieurs bâtiments, cours, jardins, accins et lieux en dépendant ;
Une certaine quantité de meubles pour être mis dans lesdites maisons ;
Cent cinquante livres de rente sur l'Hôtel-de Ville de Paris ;
Une autre rente de huit cent cinquante livres, sur le même Hôtel-de-VMe;
Une autre rente de trente-huit livres, un sou, huit deniers, due par Daniel Jacquinot, fermier des pressoirs du roi;
Et une somme de deux mille livres, à prendre sur ses biens.
Dans le titre de la fondation, M. Bellocier exprima qu'il voulait et entendait : « Que son don et aumône fut considéré « comme une fondation laïque et nullement ecclésiastique, et « par conséquent qu'aucun des biens, maisons, meubles, héri« tages ou rentes qu'il avait donnés, puisse être diverti ni ap« pliqué à d'autres maisons, hôpitaux, séminaires ou commu« nautéspour quelque cause et sous quelque prétexte que ce soit, « puisque ce n'était nullement son dessein ni sa volonté. »
De son côté, Mademoiselle de Marsangy, fit à Sens, le même jour, 28 juin 1680, donation, par acte passé devant MeChattey, notaire audit Sens, d'une somme de cinq mille livres en principal, à prendre sur ses biens, à son décès ; comme aussi de tous les biens meubles et effets mobiliers qui lui appartiendraient au jour de sa mort. Elle sollicita du Roi les lettres nécessaires pour l'établissement de ladite maison de charité, sous le titre de la Présentation de la très-sainte Vierge, mère de Dieu, et l'autorisation d'acceptation des donations, qu'elle et M. Bellocier avaient faites dans la vue dudit établissement.
Ces donations furent en effet autorisées, ainsi que l'établissement de la Maison des Orphelines, par letlres patentes du roi Louis XIV, en date à Saint-Germain-en-Laye, du mois de juillet 1680, conformément au consentement qui avait d'ailleurs été donné par les habitants de Sens, convoqués en assemblée générale, et par Monseigneur de Montpezat, archevêque de ladite ville.
Non contente d'assurer aux Orphelines une partie de ses biens après son décès, Mademoiselle de Marsangy se consacra personnellement aux soins de leur enfance et de leur éducation. Elle accepta les fonctions de première gouvernante et les remplit sans interruption pendant quarante-deux ans.
L'on conserve encore aux Orphelines, un portrait de cette pieuse fondatrice, dans le costume qu'elle avait adopté comme gouvernante de la Maison. L'on y conserve aussi plusieurs plats en étain, qui sans doute datent de son époque, et sur lesquels sont gravées les armes de sa famille.
Un siècle plus tard, l'un de ses petits-neveux, M. l'abbé Louis Bernard de Marsangy, devint aussi l'un des Gouverneurs de l'Etablissement. Malheureusement, le nom de cette famille, qui pouvait, il y a peu de temps encore, compter parmi les plus anciennes du pays, se trouve éteint aujourd'hui. Beaucoup d'entre vous, Messieurs, savent que le dernier héritier de ce nom, M. Alfred de Marsangy, est mort, il y a une dizaine d'années, à Marsangy, des suites d'un funeste accident.
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Ainsi, les fondateurs en titre de la Maison des Orphelines furent donc Mlle de Marsangy et M. Bellocier.
Il est cependant une troisième personne que l'on pourrait citer également comme ayant coopéré puissamment à la fon
(1) Voir aux archives de l'Hôtel-Dieu, les expéditions des titres de la fondation et du testament de M. Bellocier; divers titres relatifs aux propriétés par lui données, et les délibérations des 13 novembre 1671 et 23 janvier et 28 mars 1684, sur les registres particuliers à la maison des Orphelines.
Voir également, en ce qui concerne Mlls de Marsangy, les expéditions des titres de la fondation ; celles de la donation du 28 juin 1680, et les délibérations des 13 novembre 1681, 13 mars 1698. et 27 septembre 1721. dation de cet établissement : c'est Mademoiselle Marie Vincent, nommée par lettres patentes du Roi, première gouvernante avec MUe de Marsangy. Il parait qu'elle était originaire de Montereau, mais résidant à Sens. Ella se dévoua aussi tout entière à l'éducation des jeunes Orphelines. Elle leur fit don, mais seulement en 1682, par contrat passé devant Me Chattey, notaire à Sens, le 14 février de ladite année, de tous ses biens meubles et immeubles, sous la condition de rester sa vie durant dans la maison,pour continuer d'y diriger et instruire les enfants.
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021